1
Cette phrase comme une phrase ;
Cette ritournelle comme un dessein.
Inlassablement, je cherche cette sensation ancienne,
Ce sentiment.
L'été nous échappera-t-il toujours?
2
C'est au travers des chemins
Qu'énumère
La terre
Notre avenir.
Sortilèges.
Verrons-nous l'aurore ?
3
Il y aurait un phare,
ou une place, des arbres,
platanes centenaires, pins parasols.
Un rosé frais.
Et ton sourire.
4
Abrutissement de la chaleur;
Extinction des bruits,
Le soleil comme un tyran
nous ramène à l'ombre
Fertile.
5
Brûlures,
Désastres,
Feux,
L'été est un vertige.
6
[ à Joëlle ]
Faudrait-il suivre le chemin,
l'odeur du chemin,
une trace,
Le parfum des mures ?
J'aimerai retrouver
te serrer contre moi
Dans ce bal populaire.
7
[vingt ans]
Près de Mazamet,
dans la maison de mes grands-parents,
jeune homme,
à l'abri chaud des murs de pierre,
j'aimais venir très tard, m'asseoir,
dans la rue
baigné par la lumière orange
d'un lampadaire.
Je fumais.
J'écoutais les derniers insectes.
Je prolongeais la nuit.
8
[dix-sept ans]
J'avais fumé.
A cet âge
On ne croit pas
En ces merveilleux voyages
Que nulle substance n'égare.
La mer était proche,
Dieppe, sa plage de galets, sa jetée.
J'entendais les vagues,
comme un refrain.
Un courant d'air frais,
frissonnant,
comme un clapotis.
9
[brumes du matin]
Lorsque s'élèvent quelques brumes
sur la colline,
tôt le matin
sur la canopée.
J'attends.
Je pressens que vivre est un privilège.
Je ressens le plein soleil.
10
[orages]
Quand viennent les orages,
leur brusque violence,
Je frémis.
Je regarde le vent,
sa turbulence,
les gouttes rebondissantes,
et leur tapis d'eau.
J'écoute l'éclair.
11
La fleur dans le vent,
éclatante,
écoute
mon cœur meurtri.
12
[les autres]
Il est important
de ne pas déranger.
Effacer ses pas sur le sable
Jusqu'à disparaître.
13
Je vous aime
cette ombre que je suis
qui s'immisce
s'incruste
et s'ennuie.
17
[clarté]
Pleine lune,
nuages qui vagabondent.
Je regarde cette nuit chaude,
Les arbres qui bruissent.
Les ombres semblent disparaître.
18
[sans objet]
Trouver de la beauté
dans l'infime, le
disparu, le désespoir
le presque évanoui,
le suggéré.
20
[brass-band]
Éclat des cuivres
- tonitruance -
Envahissement.
Cette musique me guérit.
21
[automne]
Changement de saison.
feuilles mortes
orangés, jaunes et gris
Le vent frais que l'on devine
nous approche de la chaleur de l'âtre.
22
Bouées jetées à la mer
Bouteilles à l'encre
bleue
les mots comme un vertige
ou une exigence.
23
[Desserts sucrés]
Je m'approche à pas lents
Je chipote
Je renonce encore
- comme à cette quête -
Retrouverai-je
l'envie du plongeon ?
24
Vivre est un exorcisme.
25
[vérité du soir]
toujours
revenir à cette pureté
- cette exigence -
ce qui est dit et ce qui est compris.
Si l'on bouscule le réel,
si l'on affleure l'aile du temps,
alors l'harmonie s'échappe
et je la poursuivrai aux déserts,
vainement.
26
[médium]
Mes doigts effleurent le clavier
comme une caresse.
Les touches sont une plage
- de Guadeloupe ; Bois-Jolan ? -
Quelques crabes miniatures s'agitant,
L'eau est transparente.
Il faut prendre garde au soleil.
Lorsque le regard s'éloigne,
la mer s'agite,
au delà de la barrière de corail.
J'y baigne
-si loin, si près -
des cocotiers semblent gîter vers l'eau.
27
[Le Houlme]
21 octobre
L'automne s'emmitoufle
Toute la ville se prépare à l'hiver
Les fleurs, les coteaux
s'allument,
annoncent l’âtre.
28
[plaines d'automne, temps gris]
J'aime y voyager,
rouler doucement.
En automne, l’horizon se dégage
la paysage réapparaît.
Bosquets au lointain.
les labours frais laissent espérer le printemps.
29
Écrire est une prétention
- que pourrions-nous avoir à dire ? -
Écrire est une prévention
Les autres ne sauraient nous répondre
Surtout cet autre
qui est moi
30
[après un documentaire
sur Jean-Michel Basquiat]
Tout apurer
tout déshabiller
Chercher les mots comme une empreinte
une tempête limitée
et solitaire.
28
J'ai voulu atteindre le vaste monde
le raconter tout entier
La marche était trop longue
Loin des escarpements, alors,
ici, justement,
dire la chute d'eau
et écouter la rivière.
29
[presque un haïku]
Avenue de Flandres.
L'accident a été évité de justesse.
Les lumières, les reflets
éclairent Paris, qui vit.
Tout est juste.
30
[ haïku - 2 ]
Monoprix contre Castorama
Ce scooter roule trop vite
J'entends le bruit des cuillers contre l'assiette.
31
[feux tricolores ]
J'ai dit rouge
pour que le monde bouge.
Simplement pour aider mon miroir,
qu'il serve.
32
[ inspiration ]
Qui vient, s'impose, s'attarde
s'absente, s'évade.
Elle est là.
Tout est pressé.
33
[une brasserie - repas du soir ]
solitudes
accumulations
Chacun s'écoute
pour être entendu.
34
[petits papiers]
J'écris toujours sur des brouillons
et puis je les jette.
Je ne voudrais pas qu'on découvre cette mécanique du verbe.
35
[ derrière la vitre ]
Une black, vénus callipyge,
s'arrête pour relacer ses chaussures
au bord du passage protégé.
Ça c'est Paris !
36
[ petits papiers - 2 ]
Sur l'envers d'un ticket de Flunch
une ou deux lignes, voire plus,
larmes du quotidien
vagues d'histoires
histoires d'espoir
fuites
Attentes du lendemain.
37
[ plonger ]
S'arrêter
se poser
Attendre
Écouter
Regarder
presque s'assoupir
cligner des yeux
Se distraire
S'accaparer
et revenir.
38
[ Le poète est isolé ]
Vent du sud
Vent d'ouest
Vent d'est
Vent du nord
Le poète est en forêt
errant parmi les champs.
Le poète pérégrine
La rumeur du monde l'attend
Le poète n'est pas pressé.
Même la mort pourrait l'atteindre.
39
[ Je n'écrirai jamais de grand roman ]
Point.
40
se taire
jusqu'à l'infime
écouter
jusqu'au presque chuchoté
affronter
le mal entendu.
41
La poésie se dissimule.
s'immisce
s’incruste
elle est Bernard-l'hermite.
La reconnaîtriez-vous au bord du chemin ?
La poésie se prélasse
dignement,
au bord des vagues
à marée basse.
la houle l'en déloge
et l'évapore
au soleil.
42
Un, deux, trois, soleil !
La poésie ne se niche
ni dans des profondeurs marines
ni dans les horizons lointains.
Elle est là,
à portée de main.
regarde la.
43
[le printemps approche]
peut-être serait-il temps
d'être lu ?
[44]
J'attends
Mes pouces se croisent
et se recroisent,
s'entrecroisent;
la nuit qui vient
reste une ennemie;
Il faudrait la repousser.
Puis,
attendre le soleil du matin.
Vivre un autre jour.