1
Vivre,
Creusé par la souffrance intime de l’être.
2
Vivre,
Le dérisoire du lendemain et la fatalité de l’espoir.
3
Vivre,
Soutenu par des nuages allègres
briser la monotonie des forfaitures intimes.
4
Vivre,
Apaisé par la quiétude de la beauté.
5
Vivre.
Se parer de drames,
Ces démangeaisons fidèles de l’ennui.
6
Vivre,
ailleurs,
l’altière et sombre tragédie du Drame.
Quoiqu’il fût aimable.
7
Vivre
quelques nuages, folâtrant,
de-ci, de-là;
La beauté dévoilée par le vent.
8
Vivre,
Apaisé par un souffle d’ange qui fredonne,
Une chanson vieille de temps,
Si souple et si légère,
-Presque évanescente-
Qu’il nous semble être déjà tard,
Si loin devant;
Ces lumières indiquant simplement
l’horizon.
Nos âmes survolant cet éternel absent;
Nous irions jusqu’aux lucioles, au bord extrême de l’onde;
Fascinés par ce voyage immobile,
Nous irions...
9
Vivre.
Toute fin est une légende recommencée.
10
Vivre obstiné.
Poursuivi, souvent,
par les fragrances amères du renoncement.
11
Vivre,
Toute sécurité acquise muerait en port vil.
Plongeons ainsi dans l’ambre et le feu,
Sels particuliers d’une absolution
Obtuse.
Ce chemin, décidément, deviendrait si escarpé.
Sauvés, finalement, par ce gong qui oblige au combat.
12
Vivre.
Quand résonnent les désespoirs anciens,
-Sur de longues prairies gelées-
S’annonce enfin l’apologie du vent.
-Les grimoires le révèlent-
Une glissade feutrée à la cime des arbres,
lent adagio oubliant les déserts, tous nos exils quotidiens, ces envols immenses qui n’ont pas su naître, le dérisoire des Parthénons, l’orgueil de la Gloire, l’absence du désir...
Vivre cet éclair douloureux, un simple survol du temps..
Vivre, obstinément,
Ébloui par ce long tunnel, si faiblement éclairé, qui prophétise le bonheur.
13
Vivre rasséréné
ce désespoir résolu;
Boire la rosée, attendre l’aube,
Supporter le froid nocturne
Qui nous glace.
Attentif à la ronde infinie des heures et des lunes.
14
Vivre,
brûlant de tendresse,
aimant à se damner, dansant aux étoiles, riant à la pluie, libéré par les vents et l’onde douce des rivières.
Vivre calciné.
Vivre juste.
15
Vivre.
Laisse venir à toi les vagues,
Homme sublime,
du haut de ton rocher.
S’il le faut, baigne-toi,
Et laisse perler goutte à goutte,
cette eau salée,
Sur ton corps mortel.
16
Vivre,
brûlant l’image, son drame et son désir.
17
Vivre
l’ardeur;
L’âme langoureuse est un désir éteint.
18
Vivre
Le vol souple de l’aigle.
Planer
Au haut d’un désert aride.
Croiser les serpents sifflants;
Jouer avec l’hydre assoiffé.
Voler,
Avec cette certitude de l’oasis.
19
Vivre.
Le fond du puits est un miroir d’eaux vives.
À bien tutoyer le Styx,
on y retrouvera l’ardeur.
20
Vivre,
Croqué par les fleurs carnivores.
21
Vivre,
Dévoré par la vie même.
22
Vivre
La chaleur indicible de l’espoir.
23
Vivre,
Contre la haine,
Contre le cri,
Fleurir l’incertitude inique des déserts.
Et que pleurent les sirènes.
24
Vivre;
Morphée est un ange déchu
Criant sa haine dans les villes diurnes.
25
Vivre
La splendeur des quêtes improbables.
Courir jusqu’à l’horizon.
Décrocher le soleil.
26
Vivre,
Simplement pour justifier l’homme.